Saône2Rhône, plongée au cœur d'un projet étudiant mêlant recherche, pédagogie et sensibilisation environnementale

Dans un contexte de changements écologiques globaux, le projet Saône to Rhône permet de faire émerger des questionnements sur nos environnements proches et sur la façon dont nous les habitons et souhaitons les habiter. Le projet ne se limite pas à une simple initiative académique, il permet aussi le déploiement d’une campagne pédagogique, avec des arrêts du bateau-laboratoire dans plus de 40 écoles.

Le projet de recherche mêle les disciplines et les perspectives autour de la question de la restauration écologique de la Saône et du Rhône. En parallèle de la collecte de données, les sessions participatives et l'itinéraire seront l'occasion de rencontres avec tous les publics du territoire. Les approches participatives sont notamment proposées au public scolaire dans le cadre d'escales pédagogiques sur le terrain et d'un suivi pédagogique sur l'année scolaire 2023/2024.

Comment s'inscrit ce projet dans vos études ?

D’un point de vue très formel, l’intégration du projet dans nos études dépend de chaque personne : il s’agit soit de notre projet de stage ou mémoire de M2, soit d’un projet annexe validé dans le cadre du diplôme de l’ENS. Dans tous les cas, nous travaillons avec l’aide de chercheurs ou chercheuses de laboratoires spécialistes de nos questions de recherche.
D’un point de vue plus informel, nous travaillons maintenant depuis un an et demi sur la préparation de la campagne. Ce projet a donc accompagné une partie importante de notre cursus et de notre évolution de jeunes scientifiques ! Il a évolué en même temps que nos centres d’intérêts. Il reflète à la fois nos affinités académiques et notre volonté de réfléchir sur nos pratiques et d’expérimenter de nouvelles manières de faire de la recherche.

Vous venez de départements différents à l’ENS-PSL, en quoi ce projet se veut-il pluridisciplinaire ?

Pluridisciplinaire, le projet l’est de fait puisque nous sommes issus de disciplines diverses (géosciences, géographie, sciences sociales, anthropologie et biologie). La question serait plutôt celle de l’interdisciplinarité, c’est-à-dire de ne pas partager seulement un objet d’étude mais aussi une question, une démarche de terrain, de façon très concrète des données. Cet objectif nous guide depuis le début, et il est encore tôt pour évaluer ce que nous atteindrons ! Nous avons déjà identifié de nombreux ponts, prévu nos terrains ensemble, et construit des questions en commun.

A titre d’exemple, Valentin travaille sur les savoirs naturalistes et de biodiversité de la rivière. Ces savoirs font partie de nos représentations à l’origine des projets de restauration écologique, sur lesquels Amandine travaille ; ils sont en lien avec l’étude de Jean-Loup des îles fluviales, lieux souvent oubliés mais qui seraient cruciaux dans le maintien de la biodiversité de la ripisylve (forêt typique des bords de rivière) ; et on peut même s’intéresser à la perception croisée des plantes invasives et de la pollution plastique sur laquelle Apoline travaille : ce qui pour nous a sa place ou non dans notre environnement quotidien ou dans ce que nous appelons la “nature”.
Ainsi, chacun de nos sujets vient alimenter un projet collectif sur les représentations de la rivière, qui se nourrira aussi de nos multiples échanges dans les écoles, avec les communes ou sur les ports, grâce aux événements que nous organisons tout au long de la campagne.

Outre la recherche, ce projet est aussi à but pédagogique, pourquoi avoir choisi cet angle ?

La démarche de recherche se nourrit de notre curiosité, il nous semble ainsi naturel de ne pas la dissocier de la diffusion des savoirs. Le format de la mission a aussi été pensé pour se développer dans les écoles hors des métropoles : c’est le laboratoire qui se déplace !
Et surtout, la démarche scientifique est un vecteur de sensibilisation aux enjeux environnementaux et d’aménagement du territoire. Aborder les questions environnementales par la recherche, c’est éviter une démarche prescriptive et au contraire joindre au débat le public dit “non-expert”. Et même, un public éloigné de ces questions mais attiré par le récit de la descente en bateau.