Le Programme SUDS en 2024

Rencontre avec Leïla Vignal, Juliette Ruaud et Ysé Auque-Pallez

Créé le
19 mars 2024
Le Programme SUDS lancé en 2022 se poursuit en 2024. Ambitions, objectifs, quels sont les lignes directives pour cette nouvelle année ? 
Rencontre avec Leïla Vignal, directrice du département de géographie, Juliette Ruaud, post-doctorante (CNRS-INSHS) en science politique, et Ysé Auque-Pallez, doctorante en science politique. 
Programme suds

Pouvez-vous nous définir ce qu'on entend par les « Suds » ?

Comme le signale son usage du pluriel, le programme Suds vise à interroger la notion de Sud telle qu’elle est employée en sciences sociales (« pays du Sud », Sud global, etc.). S’il cherche avant tout à mettre en lumière et réunir des chercheuses et des chercheurs qui conduisent des recherches ou proviennent des territoires habituellement désignés par ces notions, il s’agit aussi d’examiner de manière critique les effets de ces labellisations.

Le programme SUDS se veut-il être un programme pluridisciplinaire ? A-t-il vocation à croiser différents savoirs, notamment dans le contexte du changement climatique ?

De par son ambition transnationale, le programme Suds est nécessairement pluridisciplinaire, dans un contexte où les frontières et les enjeux disciplinaires varient d’un espace académique à l’autre. Au-delà, il vise à produire de l’émulation en faisant dialoguer des chercheuses et des chercheurs issus de disciplines diverses, et parfois éloignées. Cela se retrouve dans le cours « Nouvelles compréhensions du monde », qui fait autant intervenir des philosophes que des sociologues, climatologues, biologistes, etc, mais aussi dans les activités à venir du programme, telle la table ronde du 3 avril prochain qui réunira notamment les linguistes Salikoko Mufwene et Aurore Montebran et le philosophe Souleymane Bachir Diagne pour échanger sur le langage.

Le cours « Nouvelles compréhensions du monde » cette année porte comme titre « Au-delà de l’humain, repenser le vivant : nouvelles façons de penser et d’agir ». Pouvez-vous nous en dire plus sur ce cours et comment explore-t-il les changements dans le rapport entre les humains et le vivant ?

Le cours « Nouvelles compréhensions du monde » est un cours transnational donné conjointement par l’Université Iba der Thiam de Thiès (Sénégal), l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), et l’École normale supérieure (France) en coopération avec le Campus AFD. En 2023-2024, le cours a pour objectif de réfléchir aux transformations de notre monde contemporain et en particulier aux défis écologiques auxquels nous faisons face. Il s'agit alors de dépasser le paradigme de l'exploitation de la nature en repensant les rapports entre humains et vivant, de manière transversale et pluridisciplinaire, et en mobilisant une pluralité de savoirs, académiques, experts et endogènes, en particulier du Sud.

Vers quoi le programme SUDS tend-il dans le futur, en termes de nouvelles orientations, de développements ou d'innovations pédagogiques ?

En lien avec l’ENS et le CNRS, nous travaillons au développement et à la pérennisation du programme Suds. Il s’agit pour nous de l’ancrer durablement dans le cadre de l’ENS et de voir de plus en plus d’enseignants-chercheurs et d’étudiants s’en saisir au quotidien. Plus concrètement, nous travaillons aussi à la mise en place d’une chaire qui permettrait d’accueillir chaque année un ou une universitaire africaine afin d’étendre l’offre de cours de l’ENS. Plus largement, nous nous employons aussi à développer les liens avec des laboratoires étrangers, les invitations d’enseignants-chercheurs et les possibilités de mobilités internationales et de partenariats. Enfin, le cours « Nouvelles compréhensions du monde » a aussi un statut d’expérience pilote, avant d’étendre la gamme d’enseignements proposés dans le cadre du programme.