Félicitations aux lauréats de l'appel ERC Starting Grants 2019

Camille Berthelot (Institut de Biologie) et Zaki Leghtas (Institut de Physique)

Le Conseil européen de la recherche (ERC) a annoncé le 3 septembre 2019 la liste des 408 jeunes chercheuses et chercheurs européens lauréats de l'appel Starting Grants 2019. Parmi les 41 projets français sélectionnés, ceux de Camille Berthelot de l’Institut de Biologie de l’ENS-PSL (équipe DYOGEN) et de Zaki Leghtas du Laboratoire de Physique de l'ENS – PSL et Armines ont été retenus.
ERC "Starting Grants 2019"
Camille Berthelot (à g.) et Zaki Leghtas (à d.)

Soutenant l’excellence scientifique à la frontière des connaissances, les très sélectives bourses ERC Starting Grants sont remises, pour cinq ans, à de jeunes scientifiques (deux à sept ans après l’obtention de leurs thèses) pour leur permettre de constituer leur équipe de recherche autour d’un thème original. Nous sommes fiers d'annoncer que deux chercheurs de l'ENS, Camille Berthelot et Zaki Leghtas sont lauréats de cette bourse. Ils parlent de leurs travaux.

 

Camille Berthelot

Equipe DYOGEN (CNRS UMR8197 – INSERM U1024)
Institut de Biologie de l'Ecole normale supérieure - PSL

Camille Berthelot est chercheuse en génomique computationnelle à l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM). Elle fait des études de biologie moléculaire à l'ENS Lyon, avant de soutenir une thèse en bio-informatique à l'Institut de Biologie de l'ENS à Paris, dans l'équipe de Hugues Roest Crollius. Elle y étudie comment les chromosomes se réorganisent au fil de l'évolution. Après sa thèse, elle part travailler à Cambridge, au Royaume-Uni, en tant que chercheuse postdoctorale à l'European Bioinformatics Institute. Elle a eu la chance de participer à un projet passionnant sur l'évolution des mammifères : « nous cherchions à comprendre comment de minuscules changements dans l'ADN peuvent conduire à des différences massives dans les enhancers, ces séquences très importantes du génome qui contrôlent le fonctionnement des gènes. » Depuis 2016, elle évolue à  l'INSERM.

Le projet de Camille Berthelot porte sur les menstruations, un phénomène extrêmement important d'un point de vue physiologique et médical, mais aussi évolutif : seuls certains primates ont des menstruations, alors que les autres mammifères ont un cycle œstral, où la muqueuse intérieure de l'utérus n'est pas éliminée à la fin du cycle hormonal chez les femelles.

De manière surprenante, on ne comprend toujours pas très bien ce qui se passe dans l'utérus sur le plan moléculaire et cellulaire pendant les règles. Je voudrais comprendre pourquoi certains singes - dont nous ! - ont des menstruations et d'autres non ? Qu'est-ce qui est différent dans leurs utérus ? Est-ce que l'évolution nous a dotés de nouveaux gènes ? Est-ce qu'il s'agit d'une réponse différente aux hormones ?

Un thème de recherche encore peu étudié

Les maladies liées à la menstruation sont très fréquentes et souvent mal traitées. Grâce à cette bourse, Camille Berthelot entend contribuer à l'avancée des connaissances sur cet organe et sa physiologie.  Son travail résolument pluridisciplinaire, implique des primatologues, des spécialistes de la biologie de l'utérus, de la biologie cellulaire, etc. Il nécessite de faire des analyses génétiques poussées « qui demandent un investissement conséquent ».

Par ailleurs, la scientifique aimerait aussi que ce projet lui permette d'élargir ses recherches sur l'évolution des appareils reproducteurs chez les primates : « ce sont des organes qui évoluent très vite, et j'ai hâte de découvrir comment ces changements sont encodés dans nos génomes ».
Camille Berthelot espère aussi que « ce projet élargira notre compréhension à la fois de l'histoire évolutive de l'espèce humaine, mais aussi de l'utérus et sa biologie, qui est encore trop peu étudiée. »

 

 

 

Zaki Leghtas

Laboratoire de physique de l'ENS - PSL (PE3) / Armines - Mines ParisTech

Zaki Leghtas est enseignant-chercheur à Mines ParisTech, au Laboratoire de Physique de l'ENS, et membre de l'équipe QUANTIC à l'INRIA. Ingénieur des Mines (2009) et titulaire d’une thèse conjointe INRIA/Mines (2012),  ce britannico-marocain a débuté sa carrière de chercheur à Yale au sein de l’équipe de Michel Devoret avant de rejoindre l’ENS.

De la physique quantique expérimentale pour de potentiels nouveaux matériaux

Les recherches de Zaki Leghtas portent sur la physique quantique expérimentale. Plus précisément, il essaie de « contribuer à un vieux rêve qui consiste à utiliser des propriétés quantiques (superposition d'états et intrication) pour le traitement de l'information ». Ceci pourrait mener à des avancées technologiques considérables, par exemple, pour la recherche de nouveaux matériaux.
En pratique, avec son équipe, il construit des circuits supraconducteurs qui sont opérés à des températures extrêmement basses. Son projet ERC consiste - en partie - à développer un circuit qui pourra servir de brique élémentaire dans un processeur quantique plus complexe.

Avec mon équipe, nous pourrons travailler dans d'excellentes conditions pour aller au bout de nos idées, en allant plus vite et plus loin, pour rendre compte du potentiel de ce projet.

Ce financement permettra à Zaki Leghtas de consolider son équipe en recrutant « des étudiants, des post-doctorants et de l'équipement de pointe, afin d'approfondir cette recherche ». Aussi, il va pouvoir acquérir un réfrigérateur très spécifique et nécessaire à un projet de cette envergure, et qui sans cette bourse serait complètement hors d'atteinte.