Le projet RECIF

Retour d'experience de l'association étudiante Méandres

Antonin, Corentin et Thomas, les 3 étudiants de l'association Méandres sont de retour en France après le tournage de leur documentaire à Fernando de Noronha, un archipel au large des côtes brésiliennes. Ils nous racontent leur expérience au Brésil et leurs projets pour la suite.

 

meandre web

 

> Racontez-nous la naissance du projet Récif.

L’Amérique du Sud est la zone qui nous intéressait dès le départ. Il nous manquait des idées précises de cas d’études. C’est alors que nous avons rencontré Sophie Bertrand, chercheuse en poste à Recife, au Brésil, qui nous a parlé du projet PADDLE s’intéressant aux questions de sciences et de gouvernances autour de la planification des activités en mer. Il est mené par l’IRD et Sophie Bertrand y participe comme biologiste des écosystèmes. Son terrain d’études des oiseaux maritimes est l’île de Fernando de Noronha et PADDLE commençait à s’y intéresser comme cas d’études. Sophie nous a alors proposé de participer à une sorte de mission de reconnaissance pour le compte de PADDLE, au cours de laquelle nous pourrions réaliser notre ambition initiale : filmer un documentaire sur la conservation dans un pays d’Amérique du Sud. Cette ambition de filmer un documentaire vient de notre passion amateur pour la photo et l'envie de travailler un support qui peut apparaître comme ludique.
 

> Quels enseignements retenez-vous de cette aventure ?

Nous confronter à la réalité de terrain a été une vraie expérience pour nous. S’apercevoir que la simple base logistique était déjà un défi en soi : il faut saisir les codes du pays, repenser ses modes (et ses durées) de déplacement, prendre le réflexe de rester alerte etc. On apprend à mettre en perspective nos accès faciles et stables à l’eau, l’électricité, internet, qui nous permettent en France de travailler chaque jour aussi efficacement, mais qui au Brésil sont irréguliers et demandent de la patience et de l’adaptation. De manière générale, tout fonctionne plus lentement, avec plus de friction et nous avons dû revoir nos réflexes de planification et d’anticipation. Mais outre le fait que le coût humain de la logistique d’une telle aventure est élevé, nous avons appris beaucoup de choses sur la société Brésilienne qui nous ont renvoyés à de nombreux travers politiques que nous connaissons également ici en France. Et si nous arrivons à transmettre cet enseignement à travers le documentaire, notre mission sera remplie.


> Avez-vous une anecdote à partager sur votre expérience ?
Un épisode marquant de l’aventure démarra lorsque nous nous aperçûmes un matin que tourner le robinet de la douche ne produisait pas l’effet escompté -faire sortir de l’eau du pommeau- mais un simple gargouillis de tuyauterie suivi d’un silence. Cette panne d’eau, qui a tout de même duré une semaine au cours de laquelle la toilette et la vaisselle reposaient sur notre aptitude à rationner une grande poubelle remplie d’eau donnée par le propriétaire de la maison, nous a en fait révélé un problème fondamental de la ville de Recife dont nous n’aurions peut être pas eu connaissance sinon : les canalisations d’eau de la ville ne fournissent les habitations que sporadiquement ! Pendant quelques heures par semaine, l’eau publique arrive dans les maisons qui remplissent alors leurs citernes pour tenir jusqu’à la prochaine livraison. En temps normal le système fonctionne à peu près, mais cette fois aucune livraison n’avait eu lieu depuis près de quinze jours et les canalisations publiques ne furent pas alimentés jusqu’à notre départ. Le propriétaire de la maison a dû commander un camion-citerne afin de remplir les réserves.
Une autre anecdote marrante sur le mode de vie à la Brésilienne est que déjà plusieurs mois avant le fameux carnaval d’Olinda (ville où nous résidions), la ville se mettait à vivre au rythme des répétitions des batucadas (fanfare brésiliennes). L’ambiance devenait très festive les week-ends et le dimanche, les rues étaient noires de monde.
 

> Quels sont les futurs projets de l'association ?
Nous devons maintenant nous occuper du montage du documentaire avant tout. Nous espérons pouvoir le projeter auprès des habitant-e-s de l’île du tournage, Fernando de Noronha, en avril 2020.
Nous comptons également organiser d’autre évènements autour de notre expérience. À la rentrée, nous nous servirons des thèmes sur lesquels nous avons réfléchi pour lancer une session de débat lors du programme de rentrée des nouveaux normalien-ne-s le 6 septembre.
En dehors du documentaire, nous espérons créer du contenu pour notre revue en ligne et recruter des étudiant-e-s intéressé-e-s par les thématiques de la conservation des espaces naturels pour travailler avec nous. Nous aimerions également héberger d’autre projets du type de celui que nous avons réalisé : fournir à de nouveaux aventurier-ère-s un cadre, un réseau, une aide logistique pour aller réaliser des reportages photographiques, vidéos ou sonores en France ou ailleurs. Nous travaillons déjà avec Arthur Enguehard, un étudiant du département de géosciences et passionné de musique, qui s’en va l’an prochain en Guyane réaliser un radio-documentaire sur les environnements sonores. Cette aide logistique permise par l’association deviendra peut-être à terme plus formelle sous la forme d’un UE de projet proposé par l’ENS.

En savoir plus sur l'association Meandres

Contact. equipe@meandres.eu