L'Objet-personne

Une anthropologie de la croyance visuelle

L'Objet-personne
Une anthropologie de la croyance visuelle

de Carlo Severi

Editions rue d'Ulm, avril 2017

À quelles conditions un objet inanimé peut-il, dans l’espace de la mémoire sociale, penser, prendre la parole ou répondre à un regard ? En apparence, l’objet semble agir comme l’être humain qu’il remplace. Poursuivant le travail amorcé dans Le Principe de la chimère, les recherches ici réunies montrent que, lorsqu’un lien de croyance s’établit, l’objet-personne agit en fait de manière bien plus complexe. Sous forme de jouet, de statuette rituelle, de monument funéraire ou d’œuvre d’art, cet être animé par la pensée est plus proche d’un cristal que d’un miroir.
Dans le primitivisme moderne, il faut toujours qu’un objet soit une œuvre. Carlo Severi fait le choix inverse de considérer, d’une part, la production d’images comme un fait d’espèce, inséparable de l’exercice de la pensée (et donc universelle) et, d’autre part, « le jeu de l’art occidental » comme l’un des jeux possibles, et non le seul, que l’on peut risquer avec l’image. Pour développer cette hypothèse, il étudie trois types d’espace : abstrait, chimérique et gouverné par les lois de la perspective.

Au sein d’une même culture, et dans toute culture, cohabitent plusieurs niveaux ontologiques, liés à l’exercice d’une pensée par l’image. L’anthropologie de la mémoire telle que la construit Carlo Severi conduit à une anthropologie générale des formes d’exercice de la pensée.


L’auteur

Anthropologue, Carlo SEVERI est directeur d’études à l’EHESS et directeur de recherche au CNRS. Membre du laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France depuis 1985, il est actuellement associé au Département de la recherche et de l’enseignement du musée du quai Branly.